En marche vers nos territoires !
On a fini par oublier l’autre France, celle de nos régions, de nos centres bourgs et de nos campagnes qui se sont progressivement vidés… Par Pascale Poirot, Présidente du Snal
Au fil des mandats présidentiels et parlementaires, la politique du logement s’est entêtée à se concentrer sur les zones tendues, là où l’offre ne suffit plus à satisfaire la demande, là où les biens sont rares, à la vente comme à la location, là où l’effort financier demandé aux familles pour se loger s’accroit jusqu’à dégrader dangereusement leur pouvoir d’achat.
On a fini par oublier l’autre France, celle de nos régions, de nos centres bourgs et de nos campagnes qui se sont progressivement vidés, sous le triple effet de la désindustrialisation, de la concentration des dynamiques de croissance dans les métropoles, et de la réduction des services publics dans les territoires périurbains et ruraux, qui jouaient pourtant un rôle d’amortisseur des conjonctures économiques.
Réveiller les territoires
Il appartient aujourd’hui à notre prochain gouvernement de donner aux collectivités les moyens de sauvegarder leurs pôles d’attractivité et de réveiller leurs territoires. Et à nous, élus et professionnels de l’aménagement, d’imaginer des solutions pour récréer des conditions favorables à l’émergence d’un nouveau modèle de réussite sociale hors des métropoles. Il en va de l’équilibre de notre économie.
Pour parvenir à conjurer le déclin des territoires, il faut tout d’abord encourager leurs habitants à ne pas les déserter et motiver de nouvelles entreprises à s’y installer. Un constat, certes trivial, mais qui appelle avant tout à rebattre les cartes de la politique du logement pour la reconnecter au cadre de vie, aux services de proximité et à l’emploi qui l’entourent. Autrement dit, cela revient à mettre l’aménagement sur le devant de la scène pour favoriser les opérations d’ensemble qui, à elles seules, permettent d’atteindre bien des objectifs. Tout d’abord, développer une offre plurielle de logements, fondement de la mixité sociale et générationnelle, sans opposer le locatif à l’accession, le collectif à la maison individuelle et le privé au public. Mobiliser des financements privés, ensuite, pour créer des équipements publics. Produire enfin du logement moins cher, en optimisant le foncier disponible et en satisfaisant à des exigences de qualité architecturale, paysagère et environnementale, pour ne pas négliger les aspirations légitimes de chacun à un cadre de vie optimal.
Mais cette dynamique ne peut s’enclencher sans une réelle volonté politique que pourrait embrasser un grand ministère de l’Aménagement, de l’Habitat et de l’Environnement. N’oublions pas que le logement, gros pourvoyeur d’emplois non délocalisables est la pièce maîtresse de notre cohésion sociale dès lors qu’il est considéré dans son environnement. Il est temps d’agir car le refus de réformer menace le vivre ensemble et la démocratie locale. En marche vers nos territoires !
Pascale Poirot, Présidente du Snal
Source : latribune.fr
Crédits : Reuters